Stellantis : raisons de la chute et impacts sur l’industrie automobile

Le titre Stellantis affiche une baisse de près de 30 % sur les douze derniers mois, tandis que le groupe a annoncé en février 2024 une réduction de 11 % de son bénéfice net annuel. Un recul des ventes en Europe de l’Ouest contraste avec une dynamique plus stable sur le continent américain, perturbant la stratégie d’intégration post-fusion.

Les difficultés d’approvisionnement, la pression réglementaire sur les émissions et la montée en puissance des acteurs asiatiques modifient en profondeur l’équilibre du groupe. Les conséquences dépassent la performance boursière, impactant l’ensemble de la filière automobile européenne.

Stellantis face à une conjoncture défavorable : état des lieux et chiffres clés

La trajectoire de Stellantis, né de la fusion de PSA et FCA, prend un tour inattendu. Là où l’ambition d’un géant mondial semblait s’imposer, la réalité économique frappe : la période actuelle bouleverse la mécanique des grands constructeurs automobiles. La dynamique internationale n’a pas suffi à amortir les secousses du marché et la visibilité du groupe franco-italo-américain s’amenuise.

Le premier semestre 2024 le prouve, chiffres à l’appui : le chiffre d’affaires atteint 88 milliards d’euros, soit une baisse de 4 % sur un an. Particulièrement en Europe, les ventes mondiales reculent, et le volume de véhicules neufs plonge de 10 %. La France et l’Italie, deux piliers historiques, voient la demande s’effriter, fragilisées par l’essor des véhicules électriques asiatiques et la mollesse persistante du marché. Outre-Atlantique, l’Amérique du Nord affiche une certaine robustesse grâce à Jeep ou RAM, mais la branche utilitaire commence à donner des signes de fatigue.

Carlos Tavares et son équipe multiplient les signaux d’alerte : la hausse des coûts de production, la volatilité des matières premières, la pression pour investir dans l’électrique… Tout pousse à revoir la copie industrielle. Les nouvelles contraintes réglementaires européennes forcent Stellantis à ajuster ses lignes de production et à revoir certains modèles.

Voici les principaux repères à retenir pour comprendre l’ampleur des mutations en cours :

  • Chiffre d’affaires 2024 (S1) : 88 milliards d’euros
  • Baisse des ventes en Europe : -10 %
  • Recul du bénéfice net 2023 : -11 %
  • Marché nord-américain : stabilité relative, mais vigilance sur les utilitaires

La pression s’accentue sur les usines françaises et italiennes : chaque restructuration ou plan social cristallise les tensions d’un secteur sous contrainte. Stellantis se trouve face à des choix radicaux, pris en étau entre transformations technologiques, contexte géopolitique mouvant et ambitions financières à réaffirmer.

Quelles sont les causes profondes de la baisse des résultats du groupe ?

Le marché européen donne le ton. La demande faiblit, surtout sur les véhicules thermiques et utilitaires. Les marques phares, Peugeot, Citroën, Fiat, subissent la charge des concurrents asiatiques et la vague des voitures électriques à bas coût. La stratégie multi-marques, longtemps moteur, montre ses limites. Les réseaux de distribution peinent à suivre le rythme, alors que les modèles électriques chinois s’imposent à marche forcée.

L’augmentation des coûts de production frappe aussi fort. L’énergie, les matières premières, les composants électroniques : tout renchérit. Les sites français et italiens, jadis références, voient leur compétitivité érodée. La transition industrielle, imposée par l’électrification, génère des investissements massifs qui pèsent lourdement sur les comptes du groupe.

La transition électrique s’accélère sous la pression de normes européennes toujours plus strictes. Pourtant, les modèles électriques du groupe peinent à s’imposer face à la percée asiatique. Les ventes électriques ne suffisent pas à compenser la chute du diesel et de l’essence, tandis que l’offre utilitaire électrique, pourtant stratégique, reste en retrait.

La dispersion géographique du groupe complexifie encore la tâche. Présent sur quatre continents, Stellantis navigue entre des priorités parfois contradictoires, entre l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud. Les arbitrages industriels et commerciaux deviennent périlleux, exposant la direction à toutes les incertitudes du contexte mondial.

Des répercussions majeures sur l’industrie automobile européenne et mondiale

La chute de Stellantis éclaire d’un jour cru les faiblesses de l’industrie automobile européenne. Les exigences réglementaires s’accumulent, les défis se multiplient : l’offensive des véhicules électriques chinois et la guerre des prix bousculent les équilibres établis. L’effet domino s’étend au-delà des constructeurs : chaînes d’approvisionnement, sous-traitants, emplois, tout l’écosystème vacille. La dépendance à l’égard des marchés extérieurs,en particulier la Chine et l’Amérique du Nord,ajoute encore à l’instabilité.

Les répercussions dépassent l’Europe. Renault observe de près les mouvements de son concurrent. Les décisions stratégiques, menées par Carlos Tavares, rejaillissent sur l’ensemble de la filière. Les alliances, souvent précaires, doivent se repenser face à des concurrents asiatiques de plus en plus agressifs.

Équilibres mondiaux bousculés

Plusieurs aspects illustrent ce bouleversement global :

  • La remise en question des droits de douane entre l’Europe, les États-Unis et la Chine relance le débat sur la souveraineté industrielle.
  • En Amérique du Sud et au Moyen-Orient, le ralentissement des commandes fragilise les sites historiquement portés par Stellantis.

Le secteur automobile mondial entame une phase de recomposition. Les constructeurs européens, leaders d’hier, doivent désormais réinventer leur modèle pour ne pas quitter la scène.

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Vers un rebond possible : scénarios et stratégies pour l’avenir de Stellantis

La nouvelle direction Stellantis joue gros : il s’agit de redresser la barre sans renier l’ancrage industriel en France, en Italie, ni les ambitions internationales du groupe franco-italo-américain. Les comptes sous tension imposent des décisions rapides. Jean-Philippe Imparato et Antonio Filosa misent sur l’offensive dans les utilitaires électriques pour ouvrir de nouvelles perspectives. Les lancements du Peugeot E-Partner, du Peugeot E-Expert et du Citroën ë-Berlingo incarnent ce virage stratégique, sur un marché encore concurrentiel mais à potentiel de croissance.

La relance passe aussi par la valorisation de l’héritage. La nouvelle Fiat 500 et la Fiat Grande Panda réaffirment un ancrage européen, répondant à une clientèle en quête de modèles plus sobres et accessibles. Sur le segment premium, l’Alfa Romeo Tonale, version hybride, doit permettre à Stellantis de reprendre pied.

Les axes de la stratégie se dessinent clairement :

  • Réduction des coûts de production
  • Renforcement des synergies entre Peugeot, Citroën, Fiat et Opel
  • Objectif sur les prévisions financières : croissance du chiffre d’affaires, stabilisation des volumes en Europe, et relance à l’international

L’avenir reste incertain. Mais la dynamique impulsée par John Elkann et Carlos Tavares vise un retour de Stellantis parmi les géants mondiaux de l’automobile. Reste à voir si les prochains mois confirmeront ce pari risqué ou s’il faudra, une fois encore, revoir la stratégie sur le tableau de bord.

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